Ouf!

Thème: Une visite imprévue

           

            Jeudi, 12 avril, 23 heures 50. D’en 10 minutes à peine, ça sera vendredi 13. La peur envahit mes pensées, mes pores suintent, mon pouls augmente et mes membres se mettent à trembler.

Depuis toujours je suis terrorisé par les vendredis 13. En fait, tous les vendredis me terrifient.

Pendant que les secondes s’égrènent pour m’approcher de l’heure fatidique, je veux comprendre ma crainte des vendredis. Dans mes jeunes années, le vendredi était pieusement synonyme de poisson. Comme je souffrais d’ichthyophobie, je développai alors une aversion pour cette journée. À cette même époque, on glorifiait le fils de Dieu qui répandait cette denrée soit par pêche miraculeuse, soit par une multiplication tout aussi miraculeuse dans la montagne afin de nourrir une autre catégorie de poisson selon les athées. Finalement ce fils de créateur, périt dans d’atroces humiliations et souffrances un vendredi.

N’oublions pas le Black Friday, ce vendredi noir ou tous capotent, heureux de croire qu’ils économisent quelques sous en achetant des objets qu’ils n’avaient jamais planifier acquérir. Pourquoi noir? Noir, couleur sombre, lugubre et macabre. Symbole de tout ce qui est néfaste et funeste. Sachez qu’à l’arrivé de ce vendredi sinistre, je me terre sous mes couvertures, priant et implorant tout ce qui peux exister comme divinités colorées. Bouddha le jaune. Jésus le caucasiens, le grand Manitou rouge, la Vierge bleue, etc.

Bref, les vendredis me troublent énormément. Que ce soient les rapports des accidents de la route qui font état d’une mortalité accrues pendant les fins de semaines, fin de semaines qui débutent toujours le vendredi dans l’imaginaire populaire. Ou le nombres accrus de MTS qui se répandent à qui mieux mieux lors de rencontre dans les 5 à 7 du vendredi.

En résumé, le vendredi est ma bête noire. Je jette un coup d’œil sur l’horloge, leg de mon grand-père, décédé justement (ou injustement) un vendredi. 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1 : Tous les sens aux aguets, je me prépare au pire. Rien ne se passe. Je risque un œil au-dessus de ma couverture tout en essayant de me réoxygéner et de me regénérer tellement l’angoisse fait de moi une larve larmoyante et ridicule. Toujours rien à signaler, l’espoir revient lentement vers mon esprit mais je suis toujours sur mes gardes.

Soudainement, on sonne à la porte. Gredin gredin semble dire la sonnette. Comme une accusation elle retentit dans toute la maison. Gredin gredin insiste-t-elle. J’ai beau faire la sourde oreille, j’entends toujours. Acculé au pied de la porte je laisse tomber mon courage car j’ai besoin de mes mains pour ouvrir.

J’aperçois alors un immense faux, tenue par du vide qui sort des manches d’une imposante cape à capuchon dans lequel brille deux yeux rouges qui me regardent sans une seule étincelle de vie.

            Je déglutis en reconnaissant l’entité. D’une vois chevrotante je demande ce que je peux faire pour l’aider.

            -Je suis la mort et je viens pour te prendre.

-je n’ai rien commandé, vous vous trompez sûrement d’adresse dis-je

-Je suis la mort crie-t-elle d’une voix d’outre-tombe.

-Lamarre, Lamarre, non! c’est pas vrai!  Arsène, Arsène Lamarre, je ne t’avais pas reconnu, que devient tu depuis toutes ces années?

Hélas, la grande faucheuse n’est pas dupe.

-Arsène Lamarre est chez nous depuis deux ans déjà. Empoisonné à l’arsenic

Arsène arsenicquer, je n’en croyais pas mes oreilles. C’est à ce moment que toute l’horreur de la situation me sauta sauvagement aux yeux et que je pressentis la suite des évènements. J’étais mort de trouille.

C’est alors que le regard de Thanatos s’éteignit tandis qu’il fit volte-face pour retourner d’où il était venu en déclarant : Mission accomplie!

Moralité :  Mieux vaut mourir de peur que mourir pour vrai.